Le Blog du lycée

Le lycée Las Cases rend hommage à Louis Curabet tombé à Verdun le 19 mai 1916

Publié le mardi 15 novembre 2016 10:37 - Mis à jour le mardi 15 novembre 2016 17:59

 

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 10 novembre 2016 s'est tenue au lycée Las Cases une cérémonie d'hommage, au cours de laquelle une plaque commémorative en marbre portant l'inscription suivante « Louis CURABET, lieutenant au 131è R.I. mort à Verdun », a retrouvé sa place dans l'enceinte du lycée. Elle avait été déposée lors de travaux il y a vingt ans. En présence du Proviseur, de la communauté éducative du lycée, des représentants de l'ONAC, des représentants de la mairie, des élèves ont lu des témoignages pour honorer la mémoire de celui qui avait été instituteur à Briatexte, puis au lycée de Lavaur avant 1912 et jusqu'à la mobilisation de 1914.

 

            Ce travail de mémoire des élèves a pris une double forme pour l'année 2016 : cinquante élèves du lycée Las Cases de Lavaur et quatre de leurs professeurs, ont participé à un voyage d'étude dans le Nord-Est de la France du 17 au 22 octobre 2016, en lien avec le centenaire de la bataille de Verdun. Certains de ces élèves et d'autres auparavant ont réalisé des travaux depuis trois ans sur la guerre de 14-18, notamment l'écriture de romans et l'enregistrement de feuilletons radiophoniques, diffusés sur R d'Autan fin octobre et en novembre de chaque année.

            La première journée de ce voyage a été consacrée à la visite du champ de bataille de Verdun. La visite de l'Ossuaire de Douaumont, nécropole nationale, a impressionné les élèves par l'immensité du lieu occupé par plus de 16 000 croix blanches. L'édifice de l’Ossuaire, longue nef surmontée d'une tour de 49 mètres sous laquelle se trouvent les ossements de 130 000 corps non identifiés, a été l'occasion de mesurer l'hommage national aux 163 000 morts côté français, organisé depuis 1927 sur ce site où sont morts plus de 300 000 soldats français et allemands pour un total de 700 000 victimes : morts, disparus et blessés.

            Un des objectifs de cette visite a été de retrouver la trace du lieutenant Louis Curabet. La recherche aux Archives départementales a permis de retrouver le registre militaire dans lequel on apprend que le lieutenant Curabet, affecté au 36ème régiment d'infanterie, a été « tué à l'ennemi » à Verdun devant Douaumont (Meuse) le 19 mai 1916, âgé de 25 ans, et inhumé dans la nuit du 21 au 22 mai à quinze mètres de l'entrée du fort. Après une enquête minutieuse un petit groupe d'élèves et leurs professeurs se sont mis à la recherche de la tombe et l’ont trouvée ! Louis Curabet se trouve bel et bien inscrit au fichier des tombes de ce cimetière militaire. Mais il ne s'agit pas de Louis Vital Curabet, sous-lieutenant du 36ème RI, mais de son homonyme, Louis Emile Curabet, décédé en août 1917, et servant au 36ème Régiment d'Artillerie.

 

            Au cours de ce voyage les élèves ont visité d'autres lieux de mémoire liés aussi à la Seconde Guerre mondiale, notamment le seul camp de concentration présent sur le territoire français, le KL du Struthof Natzweiler dans les Vosges (Bas-Rhin). Le musée était très intéressant, plein d'émotion notamment par la présence de bornes qui faisaient le lien avec d'autres camps nazis. Les photographies et documents concernant les SS et les déportés du camp de Natzweiler donnaient une présence étonnante à ce lieu et aux violences qui s'y sont déroulées. Par exemple, la déposition de l'un des médecins qui a gazé des Juifs envoyés d'Auschwitz à des fins d'études anatomiques était glaçant par son indifférence, son absence totale d'émotion.

            Au musée de la Résistance à Lyon les élèves ont vu un enregistrement de certains témoignages du procès Klaus Barbie. Ces personnes, devenues des vieillards en 1987, avaient parfois du mal à se déplacer, mais dès qu’elles parlaient, il y avait une grande force dans leur parole, très claire et dense, qui fait entendre la souffrance et l’horreur que les tortures et la déportation ont causées. A la fin du documentaire, l’écrivain Elie Wiesel, lui-même rescapé de déportation, dit : « Aucune justice n’est possible pour les morts. On ne peut plus les ramener. Il s’agit de mémoire, parce que le tueur tue deux fois, la première fois en tuant, et la seconde fois en essayant d’effacer les traces de ce meurtre. On n’a pas pu empêcher leur première mort, il s’agit maintenant d’empêcher leur seconde mort. Et si le tueur est coupable de la première mort, la seconde ne serait plus de sa faute, mais de la nôtre. » Et les enseignants ont conclu : «  C’est aussi tout le sens de ce voyage, par lequel nous avons voulu que nos élèves apprennent, et se souviennent ».